Chaque fois que l’homme bâtit, il organise sa conquête de l’espace. Parfois, il arrive que les choses tombent juste, siéent comme un chant exact. C’est comme le grain de beauté qui se trouve sur la tempe ; c’est tout l’attrait qu’il peut apporter à un visage. C’est le coquelicot perdu dans un champ doré avant la moisson ; c’est celui qu’on laisse parce qu’il a son mot à dire.
Le quai Osterwald représente l’unique endroit de Neuchâtel où l’espace bâti de la ville touche le lac. Chaque lieu a son mouvement, celui du quai représente l’allure de la promenade. D’un côté la ville et le stress du trop plein urbain, de l’autre le lac, le dégagement, la détente, la récréation. Les activités se répartissent de part et d’autre, se distribuent selon les besoins et les plaisirs.
L’emplacement de la plate-forme trouve dans sa situation le juste ton. Elle offre un espace aux frontières de l’architecture et de la sculpture ; elle répond à la ville, aux usagers du quai et à sa propre destinée. Elle vit en harmonie avec ce qu’elle a à offrir : une allure paresseuse, un coin adoucis pour s’éloigner des autres, un lieu qui n’a qu’un seul frisson, un ciel qui n’a qu’un horizon. A cet endroit précis c’est cette vie qu’elle a à offrir.
C’est une occasion unique offerte au neuchâtelois de montrer qu’ils sont capables de s’ouvrir à la vie, et d’agir sur elle. D’offrir aux habitants et aux visiteurs une architecture vivante, des espaces en tension qui exaltent les moments d’espoir et de réelles émotions, un fond de délices et de certitudes à s’éloigner du commun et de l’habituel.
Une archisculpture qui imite l’esthétique de la nature comme élan à cette folie. Des arrondis, des courbes où l’œil glisse, où le corps se repose, se prolonge dans le paysage. Cet instant magique où la nature nous touche au plus profond de notre être parce qu’elle commence à être habitée.